Uber et le covoiturage: Lettre au Ministre Poëti

2015-05-02

Uber dérange: il dérange au même titre que le VHS, Napster, le iPod  a dérangé. Face aux dérangement, l’État fait la seule chose qu’elle est capable de faire: réprimer les gens et les innovateurs qui brisent le statu quo. Dans la dernière année, les autorités ont cru bon réprimer les chauffeurs Uber, et, comble de l’audace, les gens qui font du covoiturage. C’est d’un absurdité totale: le marché et l’initiative populaire vainquent un monopole, et l’État s’empresse de sévir pour le défendre.

Devant cette injustice j’ai décidé d’envoyer un courriel au Ministre des transports M. Poëti. Le courriel va comme suit:

M. Poëti,

Je suis un citoyen de la région de Québec, maintenant sans représentant à l’Assemblée depuis le départ de M. Bolduc. Je vous écris pour vous faire part de mon indignation face à la situation actuelle de ciblage des conducteurs offrant des services de transport Uber, les contraventions émises aux gens de ce service, mais aussi à d’honnêtes citoyens qui ont offert des services de covoiturage non affiliés à Uber. 

En 1998, l’Union des Municipalités du Québec présentait à l’Assemblée un mémoire qui faisait état de la flexibilité insuffisante du système de taxi de l’époque pour adéquatement desservir la population. Dix-sept ans plus tard, je fais le même constat, voire pire. L’offre des services de taxis, gangrénés par l’absence d’innovation qu’a invitée le système de permis et tout le carcan réglementaire, se retrouve confrontée à l’innovation née d’une lacune dans leur offre de service. Alors que les compagnies de taxi viennent tout juste de rendre disponible de façon universelle le paiement par carte de débit, Uber offre un produit qui à des années-lumière de tout ce que les compagnies de taxi réussissent a offrir, et ce a moindre cout. Autrement dit, ils ont réussi a passé outre le monopole officiel des services de transport pour offrir un meilleur service, à meilleur prix, rendant caduc le monopole. Ce qu’on constate, c’est l’échec d’un marché régulé. Face à la persécution des chauffeurs Uber et des covoitureurs,tout le monde est en grogne: les utilisateurs, qui sont toujours prisonniers d’une offre de service restreinte, et les chauffeurs de taxi, qui voient leur chasse gardée disparaitre. 

Il est facile de comprendre la réaction des chauffeurs de taxi actuels; dans cette situation, ce sont manifestement eux les plus grands perdants. Ils se sont fait avoir une première fois en 1983 par le cartel gouvernemental qui a été mise en place, avec son système de nombre de permis fixe qui les a forcés a déboursé des sommes astronomiques pour la simple obtention d’un permis. Je n’y étais pas, mais fort à parier que personne dans l’industrie n’était très chaud à l’idée de devoir acheter un permis vendu dans un marché où l’offre est artificiellement maintenue basse, démultipliant les prix. Maintenant, ces mêmes chauffeurs de taxi se retrouvent confrontés à l’inévitable réponse à toute offre de service inadéquate, soit l’apparition d’une nouvelle offre. Le présent gouvernement semble ne pas reconnaitre l’échec de ses démarches réglementaires, et selon les nombreuses saisies effectuées dans les centres urbains de la province, semble vouloir à tout prix conserver ce monopole injuste. 

Ce que vous demande, c’est de reconnaitre l’échec qu’est la législation sur le service de taxi. Il est compréhensible de légiférer quand le marché connait des ratés; maintenir cette législation en situation où l’offre du marché domine largement et rends inutile un monopole officiel, c’est de l’acharnement et de la folie. 

Voici les propositions que j’ai à vous faire pour résoudre l’impasse en ne pénalisant personne. 

-Premièrement, racheter à la valeur marchant les permis des chauffeurs de taxis qui en sont détenteurs, sur plusieurs années s’il le faut. Le gouvernement est directement responsable de leur misère, et ils méritent un dédommagement pour le vol légal auxquels ils ont été soumis pour toutes ces années. 

-Deuxièmement, opérer une solide réforme de la Loi concernant les services de transport par taxi, jusqu’à l’abrogation complète de cette loi. Ceci doit être fait unilatéralement, en confisquant aux municipalités les prérogatives qui ont été déléguées. Une injustice demeure une injustice, peu importe quel palier de gouvernement la laissant exister. Je comprends que cette mesure peut être politiquement risquée: au minimum, la manipulation de l’offre des permis qui crée un monopole doit être abolie.

Le réseau routier existant et les voitures privées sont des actifs importants de l’infrastructure de transport de la province. Il me semble que de réprimer l’utilisation à l’efficacité maximale de ces actifs, par le covoiturage et le transport rémunéré au prix du marché, est à la fois injuste et absurde si l’objectif principal de notre politique des transports est de maximiser l’utilité de nos infrastructures à moindre cout. 

J’ose croire qu’un gouvernement tel celui dont vous faites partie, qui privilégie de la sorte la rigueur fiscale n’est pas insensible aux autres impératifs du marché, dont la libre compétition est une composante cruciale. Je vous implore de reconnaitre l’illogisme de la loi, et d’y mettre fin, pour le bien des gens qui offrent et de ceux qui demandent des services de transport.  

Cordialement, 

Maxime Rousseau

"Transport illégal de personnes". On m'aurais dit que c'est un crime il y a un ans, j'aurais surement lancé à la blague que le Québec, c'est quand même pas l'Allemagne de l'est. Eh non. Je vous invite a envoyer des courriels d'appui à mon courriel à M. Poëti, son courriel est le ministre@mtq.gouv.qc.ca. Mettez votre député en CC, peu importe le parti.