Laïcité, liberticide et opportunisme
Je ne voulait pas en venir à ça. Le sujet m’emmerde profondément, parce que sous sa forme actuelle il s’agit plus de shit-disturbing de souverainiste plus qu’un enjeux véritable. Je doit tout de même l’adresser parce que l’ampleur du débat (ou plutôt du bruit produit de part et autres) l’exige: la charte de la laïcité de PQ.
Le phénomène est un peu surprenant, compte tenu l’attitude du PQ après la bévue de Parizeau en ‘95. Après des années a chanter la chanson du nationalisme civique pour sauver les meubles, a promouvoir le rassemblement autour des “valeurs québécoises”, voila qu’on cherche maintenant à les redéfinir, une fois la poussière retombée. D’ou le recyclage du terme dans l’appellation de la charte proposée. Dans une mesure qui pue le nationalisme de fond de rang, on pense régler un “problème de société” qui en fait n’en est pas un, créant du coup de nouveaux problèmes, réels ceux-ci.
Le premier problème avec la charte proposé est qu’elle est assez clairement à deux vitesses. Son nom en soit évite d’implémenter la laïcité d’état comme il se doit, soit totalement et sans exception. D’où l’entêtement de Drainville a ne pas accepter la sobriquet que la presse a donner à l’initiative, qui ne renvoi seulement qu’à ce concept. Habile manoeuvre de la part des péquistes qui leur permet de ne pas avoir a faire oublier la ligne de partie des 18 dernières années, c’est aussi leur première erreur. J’ai bien hâte de voir par quelle gymnastique linguistique ils vont réussir a intégrer le patrimoine religieux québécois sans annoncer une religion d’état, ce qui n’aura que pour effet de créer des dissidents. Rappelons que des partis ont été crées pour moins que cela, et ceux qui veulent fuir ce nationalisme réactionnaire ont plusieurs camps où faire défection, des places où l’agenda progressiste ne permet pas autre-chose que la laïcité pure. Le crucifix à l’Assemblé Nationale est symbole de la prépondérance de la chrétienté québécoise, mais aussi du “pur-lainsime” qui fait l’attrait de l’initiative auprès des xénophobes politiquement mous qui n’en ont rien a battre de la religion ou du patrimoine. En ce sens, on peut s’attendre a ce que le PQ se battent bec et ongle pour lui, malgré qu’il soit en profonde contradiction avec l’essence du projet.
Le deuxième problème, plus grave celui-ci, est que la mesure d’une charte des valeurs québécoise est en une qui (encore une fois) ingère dans le social, en érigent des valeurs dictées par un parti minoritaire en ce qui se veut un intouchable morceau de législation. C’est une Charte des droits des pauvres que les péquistes les plus rêveurs se voient probablement déjà enchâsser à une constitution québécoise. C’est comme si l’on n’avait rien appris de l’histoire: quand les moeurs deviennent lois et que la pluralité est supprimée, la liberté souffre. La laïcité institutionnalisée sera à Marois ce que le clergé institutionnalisée à été a Duplessis. Certains dénoncerons ma paranoïa, avec raison peut-être, mais chaque initiative du genre me fait craindre une escalade de l’institutionnalisation des moeurs. On connait l’inertie du politique: si on en viens a imaginer des couvres-feu pour les jeunes automobilistes quand on vise le bilan routier sans décès, qu’arrivera t’il si l’on se mets la main dans le tordeur avec la question de la laïcité? Ceux qui me lisent connaissent mon opinion défavorable à la culture subventionné, un carcan inacceptable dans une société supposément libre; ajouter à cela des moeurs prescrits par la loi, c’est achever d’imposer le moule de la culture d’état a toute une population.
Le problème des accommodements raisonnables n’a jamais été un enjeux digne de mesures législatives. Je m’étonne qu’on me demande encore des stupidités administratives comme de posséder une carte d’hôpital malgré la gratuité de nos services de santé, mais qu’on soit incapable d’expliquer a un sihk qu’il ne peut pas porter un turban sur sa photo de permis de conduire. La bureaucratie a comme désavantage d’être froide et impersonnelle: pour une fois qu’on pourrait utilisé cette froideur procédurale à bonne escient, on passe complètement a coté. Les justifications nécessaires pour dire non à un accommodement déraisonnable existent déjà, le soucie pour la sécurité publique éliminant déjà la majorité des cas problèmes. Pour le reste des incidents anecdotiques que les médias généralistes ont polémisés a coeur-joie, par exemple les vitres givrées de la YMCA, la plupart de ces incidents impliquent des mollesses d’administrateurs privés qui ne sont absolument pas du ressort du gouvernement. Ces mineurs accrocs du vivre-ensemble n’ont jamais été plus que du fourre-page pour les journaux médiocres. Les tempêtes de verre d’eau que se crée les médias pour faire couler l’encre ne s’arrêterons pas, charte ou pas.
La charte que l’on propose est donc qu’un mesure purement opportuniste. Qui est gagnant si cette charte passe à l’assemblé nationale? Je ne voit que deux groupes possibles; les premiers, des nationalistes qui acceptent encore qu’une composante ethnique fasse partie des critères déterminants de la patrie, affiliées ou non au PQ, et qui voit dans cette mesure une occasion de crée (enfin) une majorité référendaire ralliée au oui. Les Bock-Côtés de se monde, qui savent ce qu’ils veulent et qui sont prêts a faire ce qu’il faut pour l’obtenir. Ceux qui savent que si on doit constituer une majorité pour le Oui, il faudra nécessairement créer une minorité du reste, et que la division ethnique est une ligne de coupe valable, qu’il faut exploiter avant qu’elle ne tombe hors de notre faveur. Bref, des caribous machiavéliques. Les autres, les membres et dirigeants du PQ, qui veulent manifestement une majorité, pour faire ou non la souveraineté, selon ce que les bonzes péquistes et son intelligentsia subventionnée déciderons.
La laïcité de l’état, c’est un chose; ça, on l’a atteint il y a longtemps en réquisitionnant au clergé ces prérogatives sociales, en éducations et en santé. La laïcité fonctionnelle dans la fonction publique, à la limite ça passe, par soucie d’équité et d’efficacité. Mais la laïcisation symbolique, par caprice collectif servant à pallier à notre incapacité a s’affirmer une identité, c’est inacceptable. Vivement des élections.